Voici venu le temps des interrogations

Numéro 161

Mars 2011

8,00

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Alors que dans la Tunisie des palaces du bon dictateur et ultramilliardaire Ben Ali, s'égayaient ministres et ministresses en goguette, qui aurait pu croire qu'un simple fait divers  (un jeune vendeur de fruits et légumes sans autorisation de licence se voit confisquer son maigre étalage par la police, désormais sans travail, et sans le moindre espoir d'en retrouver, il s'immole par le feu, dans le village de Sidi Bouzid) déclencherait une révolution et que le parfum du jasmin embaumerait les pays du croissant arabe ?

Toute personne écoutant une émission de radio ou lisant un journal, même par hasard, savait que la corruption régnait dans ce pays, que les journalistes rebelles subissaient la prison et que le chômage dépassait les 30%. Cela n'empêchait nullement d'y passer des vacances ensoleillées et à bon marché, car, similitude étrange, c'est dans les pays à forte police, l'Espagne de Franco, le Portugal de Salazar, la Roumanie de Ceausescu, et bien d'autres que les touristes se sentent le mieux protégés et que les agences de voyages font les plus gros bénéfices.

Bronzer idiot n'est guère l'apanage des p'tits poètes, qui, même lorsqu'ils passent  leurs "congés payés" dans les pays méditerranéens préfèrent l'ivresse des vents sauvages aux délices et jouissances de la haute société politico-affairiste.

Un dictateur est tombé, un peuple est libéré, mais pour combien de temps, sous l'uniforme du militaire ou le turban du religieux des Ben Ali, des Moubarak, des Kadhafi en herbe sommeillent et le chardon remplacera le jasmin.

Éliminer tous les dictateurs de la planète à coups de bombes seraient-elles françaises, ne fait qu'ajouter le meurtre à l'assassinat. Les marchands de canons n'ont jamais fait le bonheur des peuples, les vrais fautifs sont ceux qui au pouvoir dans des pays dits démocratiques ont encouragé, protégé, tous ces oppresseurs sanguinaires. Hélas, les protecteurs et les lanceurs de bombes sont souvent les mêmes et uniques acteurs.

Le tsunami politique a secoué les pays arabes, le tsunami de Mère nature a ravagé le Japon et fissuré des centrales nucléaires.

On retrouve les mêmes discours, les mêmes comportements dans un tsunami qu'il soit d'origine sismique ou humaine. Les dictateurs du tout nucléaire vous endorment avec leurs paroles mielleuses, vous affirment qu'en France, jamais un avion ne tombera sur une centrale, qu'aucun risque sismique n'existe dans la vallée du Rhône, que jamais un déséquilibré ou un fanatique ne s'attaquera à nos centrales superprotégées et ultramodernes, que les nuages même s'ils atteignent la France restent sans danger pour nos poumons ou notre thyroïde.

N'empêche que la centrale nucléaire de Blaye (en réalité 4 réacteurs donc 4 centrales) située à 33 km de Bordeaux et surnommée "Tchernoblaye" a été inondée lors de la tempête du 27 décembre 1999. L'incident caché par les autorités, minimisé encore de nos jours malgré les demandes d'enquête, s'il s'était accompagné d'un léger tremblement de terre (ils existent dans la région) aurait   terriblement modifié le taux démographique de l'Aquitaine. Aucune inquiétude, les enfants des écoles sont régulièrement invités à visiter cette merveille et les  touristes sont accueillis gratuitement et chaleureusement. Une question ! Qui a laissé monter en puissance les dictateurs ? Qui a laissé construire outre mesure les 58 réacteurs nucléaires en France ?

Si vous avez la réponse tapez 1, et vous gagnerez... à être connu !

                                                                                                                                                                     André Desforges