La république irréprochable

Numéro 163

Septembre 2011

8,00

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La Grèce en (presque) faillite pour la deuxième fois, l'Irlande, le Portugal, l'Espagne, l'Italie en difficultés sérieuses, la France menacée... D'obscurs fonds monétaires, par milliards et par miracles, en euros et en dollars surgissent pour venir au secours des officines monétaires endettées. Ce n'est pas une nécessité mais une obligation nous serinent banquiers et gouvernants pour nous sauver d'un naufrage général.

Et pourtant jamais les banques n'ont fait autant de bénéfices, jamais les grands patrons n'ont eu de salaires aussi élevés... On croit rêver... En réalité nous sommes en train de (c)rever.

"Il faut aux Français une grande vertu démocratique pour ne pas s'écrier "Tous pourris" quand on s'aperçoit qu'il y a des pourris dans chaque camp. Il leur faudra une forte discipline républicaine pour ne pas voter l'an prochain pour les extrêmes alors que le pays s'enfonce dans de telles extrémités. Le populisme n'est qu'un porte-voix pour la colère, une manière de cracher à la face des partis du gouvernement, et n'a jamais ajouté que la division du peuple à l'incurie des dirigeants.

Combien de temps les électeurs résisteront-ils à la tentation du pire ? Le citoyen comme Diogène : il cherche un homme, un homme d'État apte à redresser le pays, qui ait une éthique irréprochable, le courage de lui dire la vérité et le goût du sacrifice. Cet individu providentiel n'existe pas parmi les présidentiables déclarés, et sans doute l'électeur abandonné en sera-t-il réduit à choisir le moins mauvais des prétendants.Tandis que sa quête continue, dans un désespoir grandiose, la nuit est là, sa lanterne faiblit et il fait froid".

(Extrait éditorial "Le Cloaque des ambitieux" Christophe Barbier, L'Express N°3141, septembre 2011).

Grâce à une femme de ménage, nous avons échappé à un président de la République milliar-daire qui aurait virilement mené le pays au nom... du socialisme. Quant au président en titre, lui et ses proches s'octroient tous les délices de la République en s'affichant dans les Fouquet's, les hôtels de luxe et autres lieux Bling Bling...

 

P'tits poètes dormez en paix :

la France est protégée par une Assemblée de Sages : le Séna

Au 1er septembre 2011 (loi organique N°58-1210) un brave et honnête sénateur touche un modique salaire mensuel de 7.100,15 € auquel s'ajoutent 6.240,18 € en indemnité non imposable représentative de frais de mandat et 7.548 € pour la rémunération de 1 à 3 collaborateurs.

En prime, il voyage gratuitement, en première classe, sur l'ensemble du réseau S.N.C.F., il dispose d'une carte nominative gratuite pour le métro et d'un forfait de communications téléphoniques gratuites. À Paris et en région parisienne, il se déplace gratuitement selon les disponibilités des véhicules du parc du Sénat ou en taxis. Il bénéficie de 26 voyages par avion, gratuits, aller et retour entre Paris et le département d'élection en classe affaires.

À la cessation de ses activités, le président du Sénat dispose d'une secrétaire, d'un officier de sécurité, d'une voiture de fonction avec chauffeur et d'une pension mensuelle d'environ 3.300 € nets par mois. Un minimum vital !

 

Bonne nouvelle, le Sénat passe à gauche...

Coup de tonnerre dans le landerneau politique, aux élections sénatoriales du 21 septembre 2011, pour la première fois de son histoire, le Sénat dispose d'une majorité de gauche...

Aux dernières nouvelles, les sénateurs majoritaires dans un élan unanime auraient décidé de supprimer tous leurs privilèges... Ils accepteraient d'être payés au S.M.I.C. pour mieux comprendre les "problèmes du peuple" et "résorber une partie de la dette" selon le nouveau président.

Par une deuxième délibération les sénateurs majoritaires toujours à l'unanimité auraient soi-disant demandé à  l'Assemblée nationale d'appliquer les mêmes traitements aux députés. Selon les radios et télévisions, tous les Parlements européens à majorité de gauche siègeraient actuellement pour appliquer les mêmes mesures afin "de sauver l'Europe de la misère".

Après le Printemps arabe, l'Automne des Sénateurs... La Révolution pour une République irréprochable, (jadis annoncée par le candidat Nicolas Sarkozy), est en marche.

Un clochard, pardon un S.D.F., qui dormait sous les ponts de Paris et à qui on vient d'annoncer la nouvelle de l'abolition des privilèges du Sénat a simplement répondu, avant de reprendre une rasade d'un vin rouge qui tache et de s'essuyer la bouche d'un revers de manche : "J'y crois pas...".

Dans une demi-année, nous voterons pour élire notre président de la République, il reste six mois pour que le nouveau Sénat accomplisse des miracles ... Entre temps nous passerons les fêtes de fin d'année, et nous les p'tits poètes une fois de plus, nous croirons au Père Noël.                                                                                                                                                                  

                              André Desforges