Z’euro est arrivé

Numéro 107

Novembre 2001

8,00

Catégorie :

Le nouveau franc avait des allures de vieux. L'ancien franc restait à la mode chez les aînés. Le franc fort péchait par sa faiblesse. Le franc n'était plus franc… Il fallait s'affranchir franchement, pour franchir les frontières françaises…

Alors ??????

Z'Euro est arrivé-é-é

Et ça va tout changer-é-é

Désormais, tous les habitants de la zone euro, commercent avec la même monnaie. Plus de tracasseries aux marches des pays, plus de taxes sur les échanges de devises, la possibilité de comparer les prix de la baguette de pain ou de la voiture à la mode dans les différentes capitales sans (trop) se faire arnaquer. Chouette ! Non ?

Les César, Charlemagne, Charles-Quint, Napoléon, Hitler, et tous les conquérants dictateurs des peuples européens, en avaient rêvé, d'une même monnaie et pourquoi pas d'une pensée unique. Aurions-nous tout simplement 2.000 ans de retard ?

L'Europe, une idée française, se construit à travers les marchés. Une monnaie unique s'impose non seulement pour faciliter les échanges mais aussi pour concurrencer le voisin et tonton Sam-dollar ou encore le cousin éloigné Yamamoto-yen. L'Europe des financiers n'est pas l'Europe des poètes. Les intérêts sont incompatibles. Entre le gain immédiat et le rêve utopique, aucune conversion, même en euros, n'est possible. Et pourtant, il faut y croire !

Si aujourd'hui l'Europe des marchandises triomphe, demain l'Europe des cultures s'imposera… L'équipe des Dossiers d'Aquitaine a toujours cru en l'Europe. Nos éditoriaux, nos répertoires-guides des revues culturelles, nos anthologies, nos rencontres culturelles en Belgique, en Espagne, bientôt en Autriche, fleurent bon l'Europe de la fraternité, de l'amitié.

Fiers de nos racines occitanes, respectueux des autres modes de pensée, nous offrons la parole à travers nos dossiers poétiques, nos récitals, nos expositions : pour nous toute rencontre est un enrichissement. Farouchement pacifistes, nous avons la certitude que, chaque fois qu'une frontière disparaît, les risques de conflit s'amoindrissent. Le franc gaulois, le mark ennemi, la lire traîtresse, la peseta arrogante… que tous ces symboles des guerres fratricides disparaissent à jamais. C'est à travers de telles références que surgissent les nationalismes les plus pervers, il suffit d'écouter les discours des anti-européens pour s'en convaincre.

Z'Euro est arrivé-é-é…

Sans se presser-é-é…

Brave justicier Z'Euro, inutile de garder ton masque, tu peux agir au grand jour… Certes, sur les places financières, il te faut encore jouer de l'épée, pour séparer le bon grain de l'ivraie… Mais comme toujours, grands z'enfants et p'tits poètes que nous sommes, nous te faisons confiance, puisque dans les situations les plus périlleuses, tu arrives toujours à ridiculiser les méchants, et surtout à garder notre confiance.

Bonne et "z'eurose" année 2002

André Desforges