Lois liberticides et chiffre d’affaires

Numéro 153

Juin 2009

8,00

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Jamais la société française n'a été soumise à autant de lois, ordonnances, décrets, circulaires. Règles et règlements parfois se percutent comme les ordres et contre-ordres d'une armée en déroute, laissant les responsables de la police dans le plus grand flou pour l'application du droit.

Les résultats de cette politique du tout sécuritaire frôle le ridicule voire l'indécence quand une escouade de policiers jettent dans un fourgon cellulaire un enfant de six ans, quand une cycliste se voit conduite au poste, fouillée, humiliée pour un feu rouge non respecté... Et pendant ce temps-là, la violence, la vraie, l'inacceptable, ensanglante les banlieues... Les bandes meurtrières sèment la terreur, les mafias proxénètes s'affichent au grand jour...

"C'est pas de ma faute, faut faire du chiffre", pleurniche le policier surpris en flagrant délit d'outrepassement des droits, en tendant des pièges au brave retraité traversant un passage clouté ou à la jeune fille esseulée au volant de sa voiture...  Avant d'obéir, même un fonctionnaire reste un citoyen et avant de prendre une sanction ne devrait-il pas méditer cette pensée d'Albert Camus "La démocratie n'est pas le droit de la majorité, mais la protection de la minorité" ?

"C'est pas de ma faute, faut faire du chiffre", marmonne le responsable courrier de La Poste qui s'acharne sur les revues de poésie et autres petites publications sous prétexte qu'elles ne sont pas rentables. À ce jour, nous sommes toujours en attente d'une décision de la Commission Paritaire des Papiers de Presse afin de pouvoir continuer la publication de notre revue.

"Faut faire du chiffre", même si l'ordre existe, bien qu'aucune loi ne le confirme, la raison n'est pas suffisante pour tomber dans l'aberration, l'injustice, la privation de libertés.

Liberté, justement parlons-en, avec cette loi officiellement officielle dite Hadopi, votée et revotée par nos chers (voir notes de frais) députés et sénateurs. Il est désormais interdit en France sur proposition de la ministre de la culture de télécharger de la musique sur Internet sous peine de passer par la case amende voire prison.

Une loi obsolète avant sa promulgation, puisque le droit communautaire européen prime sur  le droit national, et que certains pays étrangers vont se faire un plaisir et même un devoir d'offrir sites et logiciels de reproduction. Hadopi, de pis en pis, de pipi, libre à chaque poète de faire ses propres jeux de mots.

Des musiciens (des vrais, pas des marchands de musique comme il existe des marchands de soupe),  des paroliers, des chanteurs, des interprètes se réjouissent de voir leurs propres créations reprises à travers le monde. Et ceux qui piratent, pour peu qu'ils respectent le nom de l'auteur ou de l'éditeur et n'en fassent point commerce en leur nom, deviennent les meilleurs publicitaires de l'artiste connu ou méconnu.

La loi Hadopi stupide, liberticide, n'est faite que pour protéger les intérêts de la culture business, qui par la même occasion détruit et décourage toute initiative personnelle. Et comme toujours, si aujourd'hui on interdit la reproduction d'une chanson, demain on interdira l'interprétation des discours officiels, sous peine de sanctions pour crime de lèse-majesté. On connaît la musique !!!

Internet porteur du pire comme du meilleur. La musique comme la poésie demeurent dans le camp des libertés intouchables et indestructibles. Nous allons inonder notre site de poèmes pour que les citoyens du monde entier puissent les enregistrer, les réciter, les interpréter. P'tits poètes-pirates à vos écrans, copiez et recopiez nos poèmes au nom de la liberté, des libertés.

 

                                                                                                                                                                     André Desforges